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About

Éloge 

de

l'imagination

Qui n’a jamais voulu être doté d’un Super Pouvoir ?

Alors si je vous disais que vous en possédez un sans le savoir. Un pouvoir dont vous vous servez sans même vous en apercevoir. Vous aimeriez bien découvrir de quel pouvoir il s’agit, n’est-ce pas ?

Le pouvoir de l’imagination pardi !

 

Avez-vous déjà réfléchi à son incroyable potentiel ?

Enfants, il servait à élaborer des mondes et amis imaginaires, à inventer des rôles sur mesure pour Barbies & Playmobils, à fabriquer une vraie cabane d’architecte avec un simple carton, à détourner les objets du quotidien en épée de chevalier ou en baguette magique…Et puis, le temps passe et l’enfant que nous étions laisse place à l’adulte que nous devenons.

Et une fois adulte, nous avons tendance à oublier notre super pouvoir qui nous a pourtant sauvé maintes fois de l’ennui. Désormais, nous l’ignorons ou le reléguons au second plan alors même qu’il est toujours au fond de nous et qu’il ne demande qu’à être activé. Il est à la portée de tous et ne demande aucune compétence particulière.

Ces pages se veulent être une ode à l’imagination.

Le point de départ de cette réflexion fut une simple interrogation :

« Que serait ma vie si je ne possédais pas ce formidable pouvoir qu’est l’imagination ? » ;

 

suivie d’une réponse :

« Ma vie serait certainement plus triste et monotone si je n’avais pas la possibilité de magnifier la réalité au gré de mes envies »

 et enfin d’un constat :

« Il semble que peu de personnes soient conscientes de ce pouvoir sur leur bien-être ».

Ces pages répondent donc à une envie, celle de (re)considérer l’imagination à sa juste valeur, non pas comme un accessoire futile et secondaire de l’esprit dont l’adulte n’a plus l’utilité, mais au contraire, comme une incroyable capacité de notre mental. Loin d’être réservée aux enfants, l’imagination est une source magique aux potentiels multiples.

L’imagination n’est pas réservée aux enfants et ces lignes souhaitent vous en persuader.

 

Il est certes vrai que l’esprit, une fois adulte, est (trop ?) sollicité par des tâches professionnelles et logistiques tout au long d’une journée, laissant alors peu de temps à l’imagination considérée trop souvent comme relevant du loisir, du divertissement ou de l’oisiveté.

 

Il est difficile de la considérer autrement à l’ère de la rationalisation depuis la révolution industrielle. Mais l’imagination permet de se reconnecter à soi et de se détacher de ce monde paraissant parfois oppressant et vide de sens. Rassurez-vous, il est encore possible de réactiver votre super pouvoir même si vous l’avez délaissé pendant des années, abandonné dans la malle de votre enfance.

 

L’imagination est un peu comme un muscle qui a tendance à s’atrophier à l’âge adulte mais plus nous la sollicitons, plus elle devient un réflexe, une habitude naturelle. Comme le soulignait l’auteur britannique W. Somerset Maugham :

 

« L'imagination se renforce avec la pratique »

Il est donc encore temps de contrebalancer les aprioris sur l’imagination et de vous exercer à son art sans aucune difficulté et sans souffrance !

Oui mais pourquoi lui accorder du temps vous demanderez-vous ? Surtout dans une société où les maîtres mots sont rapidité, rentabilité et efficacité ! Jean-Paul Sartre[1] apporte un début de réponse :

« L’acte d’imagination (…) est un acte magique. C’est une incantation destinée à faire apparaître l’objet auquel on pense, la chose qu’on désire, de façon qu’on puisse en prendre possession. Il y a dans cet acte, toujours quelque chose d’impérieux et d’enfantin, un refus de tenir compte de la distance, des difficultés. Ainsi le tout jeune enfant, de son lit, agit sur le monde par ordres et prières. A ces ordres de la conscience, les objets obéissent : ils apparaissent (…) ».[2]

 

[1] Jean-Paul Charles Aymard Sartre (1905-1980) est un écrivain et philosophe français, représentant du courant existentialiste.

[2] Extrait de L'Imaginaire, essai de Jean-Paul Sartre, publié en 1940.

Notre imagination est un super pouvoir ignoré pour la plupart.

Je souhaite donc que ces lignes permettent à tous les super-héros qui s’ignorent de s’emparer de ce pouvoir pour réenchanter leur quotidien et pousser, à leur tour, la porte de tous les possibles.

 

Parmi les philosophes et écrivains qui m’ont accompagnée dans ma réflexion,  je citerai Jean-Paul Sartre, Edmund Husserl, Gaston Bachelard, Jean-Jacques Wunenburger, Christophe Bouriau…

Bonne lecture ! 

(Un peu de) philo

Avant Aristote[1] et beaucoup plus tard Kant[2], l’imagination était souvent réduite à une perception affaiblie, floue et ambiguë des choses observées, telle une simple copie ou une impression de basse qualité à partir de l’originale[3].

« La seconde rétine qui porte à l’âme l’empreinte des objets »

La Mettrie (1709-1751)

Certains philosophes la considéraient comme une  perversité de l’esprit, source de leurre et de folie[4], plus qu’une réelle et extraordinaire faculté. Elle inspirait davantage méfiance que fascination. Peut-être est-ce en partie du fait de leur incapacité à comprendre et expliquer ces images mentales élaborées par l’esprit et qui constituent là une première définition de l’imagination.

Jean-Jacques Wunenburger explique également cette déconsidération de l’imagination par

 

  « la tradition philosophique qui a prévalu ces derniers siècles en Occident, et dont la survalorisation des deux pôles de la sensation et de l’intellect aurait réduit l’imagination à n’être qu’une activité auxiliaire ou bâtarde de l’esprit….» [5]

Est-ce d’ailleurs pour cette raison qu’il n’existe aucun terme pour désigner une personne qui imagine ? Nous parlons pourtant bien de rêveur, de penseur, mais quid de l’imagineur ?

"Avec Aristote, l'imagination n'est plus comme chez Platon, une sorte de non-être toujours susceptible de déchoir dans la manipulation sophistique ou dans le trompe-l’œil du peintre. Elle devient ce milieu où s'effectuent les opérations les plus complexes de l'âme : d'une part elle dépend de la sensation, de l'autre, elle touche à la pensée".

 « Si Kant est, à propos de l’imagination, une référence centrale, c’est parce qu’il la déploie dans tous ces pouvoirs : comme imagination reproductrice (…), comme imagination productive (…), comme imagination symbolique (…) »

Laurent Cournarie

[1] Aristote (384-322 av. J.-C ), philosophe grec de l'Antiquité, reconnait pour la première fois dans l'Histoire de la philosophie l'imagination en tant que faculté.

Son traité De l'âme est "un texte inaugural pour toute philosophe de l'imagination" (Laurent Cournarie).

[2] Emmanuel Kant (1724-1804), philosophe allemand.

[3] Théorie développée par David Hume,  (1711- 1776), philosophe, économiste et historien écossais. Il est considéré comme un des plus importants penseurs des Lumières et est un des plus grands philosophes et écrivains de langue anglaise. Théorie reprise dans « Qu’est-ce que l’imagination » de Christophe Bouriau, 2010

[4] « Folle du logis » pour Malebranche, « maîtresse d’erreur et de fausseté » pour René Descartes…

[5] L’imagination de Jean-Jacques Wunenburger. Editions Que Sais-je ?

SES POUVOIRS

Tout est possible dans cette bulle qu’est l’imagination, où il n’y a ni temps ni espace. Nous sommes libres d’imaginer absolument TOUT en balayant les contraintes physiques et rationnelles qui ont tendance à brider nos désirs, nos envies et nos possibilités.

« Imaginer est un acte responsable qui agit sur le monde. Secréter en soi des images, c’est « sculpter » de la matière cérébrale. C’est donner forme à de la chimie organique. C’est agir sur la matérialité du monde. A force d’imagination, nous transformons le monde ».

Gwaenaël Morin

« L'imagination

nous donne

le pouvoir

de sculpter

le monde »

Qu’est-ce que l’imagination, Christophe Bouriau, 2003.

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Intéressons-nous à ce que l’imagination peut nous apporter au quotidien.

L’imagination est une sorte de téléportation mentale, un voyage « lowcost ».

* Plus d’une fois, vous avez eu envie de tout quitter pour découvrir de nouvelles contrées. Certains matins vous préféreriez délaisser le métro ou le bus pour l’avion ou le train. Et bien, allez-y !

L’imagination est votre boarding pass pour vous évader là où vous voulez.

Vous avez justement vu un reportage hier sur la Polynésie française ? Et bien remémorez-vous ces images pour en faire le décor de votre aventure intérieure. Profitez du métro, du bus ou du RER [en voiture, c’est un peu plus risqué], pour non pas scruter les visages rabougris des autres passagers, mais pour saupoudrer vos trajets d’une douce folie en vous octroyant un périple imaginaire grâce à votre super pouvoir.​

Alors, fermez les yeux et partez ! Ne craignez pas le regard des autres, puisque rien n'est visible pour eux, sauf peut-être un léger sourire sur vos lèvres lorsque vous sentirez la chaleur du soleil et le sable fin de Bora-Bora sous vos pieds.

Votre expérience est personnelle.

Votre corps est physiquement présent mais l’esprit vagabonde sans même devoir procurer un effort surhumain. Par une simple fermeture de paupières, il est possible de quitter l’espace-temps pour une évasion momentanée. Échappez-vous du présent, ne vous souciez plus du temps, centrez-vous sur votre bibliothèque mentale d’images. 

 

Court-circuitez votre conscience pour laisser total liberté à votre inconscience.

Vous pouvez donc, à tout moment, disposer de ce pouvoir invisible sans même attirer l’attention sur vous, puisque la téléportation de l’esprit dans un espace imaginaire est incolore, inodore et non palpable.

L’acte d’imagination ne laisse aucune trace dans le réel.

Inutile donc de chercher cette fameuse cape magique d’invisibilité qui, enfant, vous faisait tant rêver. « So has been ! ». Vous détenez un super pouvoir tout aussi puissant, celui de vous absenter momentanément d’un espace tout en restant visible aux yeux des autres.

Pensez-vous à toutes ces situations pendant lesquelles vous auriez tout donné pour ne plus être là, à devoir subir tel ou tel moment.

 

Prenons le cas concret d’un repas de famille qui s’éternise ou d’une interminable réunion professionnelle.

Et bien absentez-vous !

 

Non pas en vous en levant de votre chaise et en claquant la porte derrière vous - trop flagrant - mais en dépoussiérant certains beaux souvenirs, plus agréables que ladite réunion, pour les revivre par le biais d’une projection mentale improvisée dans l’arrière pièce de votre cerveau.

Profitez de votre imagination pour revivre ou créer n’importe quelle situation.

Vous avez le pouvoir de vivre ce que la réalité ne vous permet pas... Dérangez le réel. Déterrez vos trésors.​

"Tout le pouvoir de l'imagination tient donc peut-être à la puissance des images dont elle est le théâtre et le metteur en scène"

Laurent Cournarie

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Par l’imagination, émancipons-nous du réel.

L’imagination est un précieux outil contre l’ennui puisque vous n’avez absolument besoin de rien pour l’activer.

* Avez-vous déjà comptabilisé les temps d’attente au cours d’une journée entière ?


Que ce soit aux feux rouges, à la boulangerie, à l’arrêt de bus... L’imagination peut donc être très utile pour ne pas subir passivement ce temps d’attente mais l’utiliser à bon escient pour le rendre agréable et relaxant ; en repensant par exemple aux dernières vacances ou en imaginant les futures.

L’imagination intervient parfois même sans que nous la sollicitions consciemment, lorsque par exemple, l’inconscient kidnappe momentanément notre esprit à la vue d’un nuage dans le ciel auquel nous attribuons une forme, ou bien lorsque nous capturons une feuille d’arbre pour l’utiliser à des fins créatives. Il suffit simplement de laisser vagabonder notre esprit au gré des formes, des couleurs et des personnes que nous rencontrons.

"Si tu regardes certains murs salis de diverses taches ou des pierres bigarrées, si tu as à inventer quelque site, tu pourras y voir la ressemblance de divers paysages ornés de montagnes, fleuves, rochers, arbres, grandes plaines, vallées et collines de toutes sortes, et tu pourras encore y voir diverses batailles, et figures en mouvement, airs de têtes et habillements étranges et une infinités d'autres choses (...)"

Jean-Claude Lebensztejn, L'Art de la tache (1990)

 

Ainsi, s’il vous est difficile de trouver en vous des sources d’imagination, puisez dans votre environnement quotidien. Tout ce qui vous entoure peut être le point de départ d’une excursion mentale. Vous vous apercevrez alors qu’en cherchant à alimenter votre imagination, vous poserez un regard « neuf » sur les choses qui vous entourent. La rue que vous empruntez tous les matins, le ciel sous lequel vous marchez, les bruits qui vous accompagnent sont autant de sources qui ne demandent qu’à être exploitées par votre imagination pour balayer une éventuelle routine. Soyez attentifs, à l’affût de tout ce que vous voyez, entendez, ressentez pour nourrir votre complice imaginaire et élaborer un adoucissant naturel contre la rudesse du quotidien.

« Imaginer n’est donc pas forcément se détourner des choses présentes, mais accroître ou modifier imperceptiblement le contenu des sensations immédiates qu’elles procurent, pour vivre plus intensément le présent »

Christophe Bouriau

Montrer de la curiosité à tout ce qui nous entoure, voilà une belle manière de toujours rester actif et éveillé dans notre vie. La curiosité est également une porte d’entrée à l’émerveillement qui survient généralement à l’improviste en surprenant tous nos sens. Et n’est-elle pas l’émotion la plus agréable ? Quand soudainement, nous éprouvons une immense sérénité et un tel plaisir de vivre. Quand nous flottons, légers, en apesanteur, au-dessus de nos vicissitudes.

Cette ivresse naturelle est furtive et imprévisible, mais l’entretien de notre curiosité et de notre imagination peut accroître les occasions propices à son apparition.

Ma façon de poser un regard neuf sur la nature

L’imagination, c’est ce bouton « pause » sur lequel il vous est possible d’appuyer pour vous laisser le temps de vous évader, de ralentir, voire arrêter l’intrépide course de la vie afin de mieux l’observer ou de vous en éloigner.

L’imagination, c’est aussi une sorte de petit cocon, à l’abri de tout danger, dans lequel vous pouvez décider à tout moment de vous y réfugier pour vous extraire du quotidien parfois trop routinier.

Vous êtes alors entièrement maîtres de vivre les plus folles et inavouables aventures, en toute intimité et discrétion, sans que votre voisin ait le moindre soupçon car l’imagination est un espace personnel dont vous êtes le seul à détenir l’accès, sans risque de vous le faire hacker.

Aucune métadonnée sera extirpée de votre cerveau pour rendre public ce que vous avez imaginé. Aucun rapport ne sera écrit sur les images mentales que vous avez produites. Chacun est libre d’imaginer ce que bon lui semble, la censure n’existe pas dans votre monde intérieur.

Ne vous restreignez pas. 

"Poussez

la porte

de votre monde parallèle"

Imaginez intensément

L’imagination est une faculté positive de notre esprit à condition que ce dernier y soit disposé en étant dans de bonnes conditions. Nous sommes hélas tous confrontés à des situations difficiles, sources de stress. L’anxiété, la tristesse, l’angoisse sont des sentiments tellement puissants qu’ils parviennent à bloquer tout processus d’imagination. Ils obligent l’esprit à  rester fixé sur eux, ils l’engluent. Ces émotions très intenses qui s’autoalimentent, accaparent toutes les facultés rationnelles de notre cerveau, nous empêchant alors de revenir à un état calme et stable. Dans ce cas-là, il est alors difficile d’apercevoir la porte de sortie vers l’imagination pour s’en libérer. Il est possible de dissiper le brouillard anxiogène plus rapidement en pratiquant la méditation pour se recentrer sur soi-même. Une fois le travail de méditation effectué, il sera possible de faire appel à notre imagination. Et si le rationnel ne parvient pas à calmer la tempête émotionnelle et faire taire ces sensations oppressantes, pourquoi ne pas rester dans l’irrationnel en impulsant une autre direction plus optimiste et moins anxiogène. 

Atelier //  Recyclage de craintes qui engluent l’esprit en colle à tapisser un album photo de beaux souvenirs» 

(je vous avais prévenu du côté irrationnel de la méthode !)

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Ou bien activez le bouton pause et réfugiez-vous sur votre île déserte dont vous êtes l’unique propriétaire, cocktail Mangue-Papaye à la main, pour une petite sieste dans un hamac, à l’ombre des palmiers et à l’abri des requins.

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L’imagination, c’est donc une sorte de porte « EXIT » dans le cerveau, toujours entre-ouverte, que vous pouvez pousser pour y entrer et souffler. C’est ce fameux placard dans lequel se réfugie le héros pour échapper aux méchants. 

 

Nous l’avons vu, l’imagination est sans limite, surtout si nous l’enrichissons de lectures, de films, d’expositions etc… Car l’imagination se nourrit de ces images emmagasinées pour fabriquer elle-même ses propres images. C’est ainsi que de la perception d’images réelles,  nous passons à l’élaboration d’images mentales. L’imagination vient puiser dans notre bibliothèque d’images et d’expériences vécues, dans notre musée intérieur, pour élaborer ses propres histoires.

Nous possédons tous ce super pouvoir. N’importe qui, même la plus rationnelle des personnes, peut se surprendre à imaginer.

De plus, l’aspect fascinant de l’imagination, c’est qu’elle naît à partir de presque rien. Il suffit d’un mot pour l’activer. Pensons au mot « montagne ». Nous avons tous une montagne en fond d’écran de notre cerveau pour illustrer cette simple évocation. Et le plus incroyable, c’est que nous n’aurons pas tous la même montagne en tête, car l’imagination est personnelle et originale.

Bien sûr, nous retrouverons quelques fondamentaux comme un sommet. Mais chacun est libre de personnaliser cette projection : neige, prairie fleurie, ruisseau, marmotte…

Ces différences d’association résultent de nos propres expériences.

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« C’est le souvenir, dit Bergson, qui nous fait voir et entendre.

La perception serait incapable d’évoquer le souvenir qui lui ressemble. (…) Percevoir, c’est se souvenir »

« Un soldat, par exemple, ayant vu sur le sable des traces d’un cheval, passera aussitôt de la pensée du cheval à celle d’un cavalier, et de là à la pensée de la guerre, etc. Un paysan, au contraire, passera de la pensée d’un cheval à celle d’une charrue, d’un champ, etc. et ainsi chacun, suivant qu’il est habitué à joindre les images des choses de telle ou telle manière, passera d’une pensée à telle ou telle autre »

Spinoza (1632-1677)

L’imagination est un livre ouvert, rempli de pages blanches dans lequel il est possible de tout écrire et de tout dessiner. Alors laissez libre cours à votre super pouvoir et gribouillez les pages comme vous le souhaitez. Aucune contrainte, aucune règle.

Grâce à ce super pouvoir dont vous commencez à percevoir les multiples ressources, vous êtes non seulement capables de faire apparaître des images mentales, tel un Houdini[1] de l’imagination, mais également de vous souvenir et de reconnaître tout ce qui vous entoure.

 

L’imagination souvenir, celle qui nous permet de nous remémorer certains moments, est la même qui laisse une empreinte lors de chaque perception et qui permet, de ce fait, une (re)connaissance du monde. Si nous percevions une image (objet, paysage, personne) sans l’emmagasiner dans notre esprit, nous redécouvririons sans cesse tout ce qui nous entoure sans jamais acquérir de connaissance sur notre environnement. A la vue d’une chaise, grâce à l’imagination souvenir, nous reconnaissons cet objet, son utilité et son concept. Or, sans ce processus de tampon dans l’esprit, nous devrions toujours nous interroger quant à cette chose devant nous. Il y a certes un côté séduisant au fait de toujours poser un regard neuf sur les choses qui nous entourent, c’est même peut-être la source de l’émerveillement comme nous l’avons vu précédemment. Mais porter à l’extrême, sans cette capacité de reconnaissance, nous ne pourrions pas aller bien loin, comme l’attestent hélas les personnes atteintes d’Alzheimer.

[1] Harry Houdini, de son vrai nom Ehrich Weisz (1874-1926) est un illusionniste américain d'origine hongroise. 

« Toutes les fois qu’un objet seul par le dehors demeure intérieurement, ou se renouvelle dans ma pensée avec l’image de la sensation, qu’il a causée à mon âme, c’est ce que j’appelle imaginer ».

Bossuet (1627-1704) - Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même, 1741.

L’imagination, c’est également cette incroyable faculté mentale de ressusciter les événements ou les personnes de notre passée, afin qu’elles ne franchissent jamais la barrière de l’oubli.

 

De même, nous avons tous des moments clefs dans notre vie, ces moments que nous aimerions ranger dans un coin de notre mémoire, à tout jamais, pour les ressortir dès que nous en aurions envie, un peu comme un vieux livre dont on aimerait relire quelques pages, comme ça de temps en temps. Mais parfois, on les range, et puis ils disparaissent, se volatilisent, comme un déchet biodégradable après quelques années.

 

D’ailleurs, comment se dégradent les souvenirs ? Est-ce que la poussière de souvenir se recycle en bon engrais pour les prochains à venir ? Comment éviter qu’ils ne s’échappent de notre mémoire ? Existe-t-il un vernis à souvenir comme il existe un vernis pour le bois afin de les préserver du passage du temps ? Il y a des souvenirs que nous aimerions vernir afin qu’ils ne vieillissent jamais et préservent tout leur éclat. Et puis parfois, il suffit d’un presque rien pour les faire réapparaître alors que nous les croyions disparus à jamais. Par association, à la vue ou à l’écoute d’un élément, par une caresse de nos sens, le souvenir d’un moment, d’une personne aimée resurgit dans notre cerveau, nous plongeant soudainement dans le passé.
L’imagination combine alors la mémoire et ses souvenirs aux sensations pour nous permettre de revivre dans le présent un moment pourtant passé comme si nous y étions vraiment.

Comme la conjugaison (mais en plus agréable), l’imagination permet de traverser les temps en brisant leurs barrières.

Le temps se fige, ou se mélange dans notre tête bien que notre corps soit physiquement toujours au même endroit, à la même date. Et ce souvenir nous réchauffe ou nous pique s’il s’agit d’une blessure. Mais concentrons-nous sur ceux qui font naître un sourire sur nos lèvres en rehaussant nos pommettes.

Proust en a fait l’expérience avec sa madeleine :

« Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n'était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n'existait plus pour moi, quand un jour d'hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j'avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d'abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint- Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu'opère l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse: ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi. J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D'où avait pu me venir cette puissante joie? Je sentais qu'elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu'elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D'où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l'appréhender ? (…) Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents; peut-être parce que de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir. Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu'on avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul j'avais revu jusque-là) ; et avec la maison, la ville, depuis le matin jusqu'au soir et par tous les temps, la Place où on m'envoyait avant déjeuner, les rues où j'allais faire des courses, les chemins qu'on prenait si le temps était beau. (…)

Marcel Proust, Du côté de chez Swann,1987.

Et pour vous, quel goût ou quelle odeur a votre plus beau souvenir ?

Quelle différence entre la mémoire pure et l’imagination me direz-vous ?

"L'imagination et le souvenir ne sont qu'une seule chose, qui porte des noms différents quand on se place à des points de vue différents".

Thomas Hobbes (1588-1679), Léviathan, 1651. 

Grâce à votre imagination, vous pouvez agrémenter votre souvenir d’éléments nouveaux afin de le rendre encore plus agréable. Contrairement à la mémoire qui permet de restituer le souvenir au plus proche de la réalité, votre imagination vous offre cette liberté de vous approprier ce souvenir pour le transformer comme il vous plaira. Comme l’explique David Hume dans son Traité de la nature humaine, l’imagination n’est pas fidèle à la réalité comme l’est la mémoire.

Le souvenir, la mémoire, peut donc être le support de vos rêveries imaginaires.

Ainsi, il est possible de sélectionner, de découper, de tronquer, de transformer, de retoucher le souvenir à votre aise.

Telle une image dans Photoshop, votre imagination est votre pinceau à la pointe de la technologie car l’image ressuscitée apparaîtra sous la forme d’hologramme mental.

La réminiscence de tel souvenir peut avoir un véritable effet sensible au-delà du voyage mental. L’imagination a un réel bienfait : celui d’agir sur le physique. N’est-ce pas là le principe d’une substance placebo qui ne contient aucune molécule active mais dont la prise peut avoir un réel effet bénéfique ?

De même lorsque nous esquissons un sourire à la pensée d’un souvenir, tel « le plaisir délicieux » qu'évoque Proust. Instantanément, une vague d’émotions nous submerge.

Grâce à l’ancrage positif, nous pouvons même influer sur notre cerveau pour le soumettre à la mémorisation d’un moment heureux afin de revivre certaines émotions. Nous avons tous expérimenté ce processus lorsque, par exemple, à l’écoute d’une musique, nous replongeons dans un état émotionnel précis. Tel titre nous rappelle notre premier chagrin d’amour. De même qu’une odeur ou un goût nous ramène à notre enfance comme Proust. Le principe est simple, il suffit d’associer une sensation physique au moment que nous souhaitons enregistrer dans la collection de nos souvenirs. Lorsque ces empreintes physiques toucheront à nouveau nos sens, elles déclencheront l’état émotionnel dans lequel nous étions au moment de l’ancrage, c’est-à-dire au moment de l’association « marqueur physique » et émotion.

« Par la suite, avec de l’entraînement, je pourrais réactiver mon ancre quand j’en aurais besoin, en reproduisant le geste associé à l’ancrage et retrouver ainsi le même état émotionnel positif. (…)Pour ressentir à nouveau cette sensation de sérénité, de confiance, il me faudrait aller chercher le souvenir de cet instant, de cet intense ressenti. En me replaçant dans un endroit calme et confortable, seule, concentrée, détendue, les yeux fermés (…), je pourrais effectuer alors une visualisation mentale, en repensant à ce souvenir particulier, en revoyant la scène et en me remettant vraiment dans les sensations physiques et émotionnelles ».

Raphaëlle Giordano, Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une

« L’imagination n’est qu’une conduite magique de la conscience pour posséder le monde »

Jean-Paul Sartre

A l’inverse, si telle odeur, tels goûts ou tels sons peuvent nous aider à replonger dans un état émotionnel grâce à la résurgence d’un souvenir, ils peuvent également nous perturber. Car l’imagination est fragile et craintive. A l’image d’un petit animal, elle a parfois besoin d’un environnement serein et confiant pour sortir de sa caverne et déployer son pouvoir sur nos esprits trop rationnels. Ainsi, une sirène de pompier, des cris d’enfants, une odeur de brûler peuvent nous obliger à un brutal retour à la réalité. Cela nous prouve bien le caractère inoffensif de l’imagination.  Face à un potentiel danger perçu par nos sens, l’imagination renonce et cède la place à l’esprit conscient afin que nous puissions nous laisser guider par nos réflexes de survie.

Il semble n’existait qu’une seule faille à l’imagination qui expliquerait certainement la méfiance de maintes philosophes à son égard. Lorsqu’elle est utilisée à mauvais escient en fabriquant des images négatives, nocives à l’esprit et sources d’angoisse, le risque est alors de s’enfermer dans une paranoïa.

Quant à la folie, elle intervient seulement lorsque l’imagination prend le pas sur le réel. Lorsque nous ne parvenons plus à distinguer le réel de l’imaginaire.

"il s’ensuit que l’image, à l’avis de ces psychologues [Bühler et Descartes], ne saurait être pour la pensée qu’un embarras. Elle représente la réapparition inopportune de la chose au milieu des consciences de signification. C’est pourquoi Watt peut écrire : "toute image se présente comme un empêchement (Hemmung) pour les processus idéatifs""

Et pour les plus réticents qui pesteraient contre le manque de temps en prétextant qu’il existe des choses bien plus importantes dans la vie que de laisser vagabonder l’esprit, demandez-leur :

Que serait le monde sans imagination ? Que serait le monde s’il n’avait existé que des gens qui pensent, comme eux, que l’imagination est vaine et non productive ?

Que serait le monde sans imagination ?

 

Le monde ressemblerait certainement à une page blanche.  

Tout ce qui nous entoure est issu de l’imagination. Tous les objets autour de nous ont été imaginés puis conçus pour améliorer notre confort et satisfaire nos besoins. Comment traverseriez-vous les territoires si rapidement s’il n’y avait pas eu un fou pour concevoir un engin capable de voler dans les airs comme les oiseaux ? Sans imagination, il n’y aurait pas de progrès. Parce qu’avant de penser, de raisonner, il faut imaginer. La production d’images mentales permet à l’homme d’explorer l’au-delà des actuels possibles. Cette exploration est la clef des innovations et du progrès.

 

« Comment prévoir sans imaginer ? »

Gaston Bachelard, La poétique de l’espace.

L’homme imagine de nouvelles idées, les pense, les conceptualise et les réalise. Il ne pourrait pas les penser sans les avoir préalablement imaginées et sans avoir imaginé tous les chemins possibles pour accéder à la forme aboutie. Celui qui imagine, est donc un visionnaire en anticipant ce qui n’existe pas.

Telle une paire de jumelles, l’imagination est un parfait outil pour voir plus loin.

« La logique vous mènera d’un point A à un point B, l’imagination vous mènera partout »

Albert Einstein

Le grand inventeur Nikola Tesla[1] était capable de visualiser ses inventions dans son esprit avec une extrême précision, lui permettant ainsi de les construire sans croquis, ni schéma.

Les plus grands reconnaissent donc l’importance de l’imagination, comme Albert Einstein pour qui

"l'imagination était plus importante que le savoir".

[1] Nikola Tesla (1856  dans l'Empire d'Autriche (actuelle Croatie) - 1943 à New York) est un inventeur et ingénieur. Il a principalement œuvré dans le domaine de l’électricité, mais était également ingénieur mécanique.

Dépasser les limites des possibles, tenter d’apercevoir ce que pourrait être l’avenir, ne pas se contenter des connaissances avérées, telles sont les bases du progrès que permet l’imagination.

"Les scientifiques ont de plus en plus conscience qu’il y a du non-rationnel dans les processus de construction du savoir, qu’il y a de l’imagination, qu’il y a des fictions, qu’il y a toute une série de moments cognitifs qui ne correspondent pas à l’image classique de ce qu’est un travail de calcul et de raisonnement. Le monde scientifique entretient de nouvelles relations avec l’imaginaire (…)"[1]

[1] Propos de Jean-Jacques Wunenburger recueillis par Jérôme Souty pour l’article L'imaginaire, un champ encore à déchiffrer. Entretien avec Jean-Jacques Wunenburger, publié le 12/10/2006 sur https://www.scienceshumaines.com

« Par l’imagination,l’esprit

s’ouvre

à l’infini »

« L’imagination est ce qui nous donne l’incroyable pouvoir de réarranger nos pensées, notre savoir, nos rêves, nos désirs et nos souvenirs à la façon d’un kaléidoscope, pour créer des images et des formes parfois impossibles dans le monde réel. C’est dans notre imagination que nous puisons les idées permettant de résoudre les problèmes avec brio ».

John Ingledew - Tous créatifs ! : un guide pour stimuler ses idées

que seraient l’Art et la Culture sans imagination ?

Imaginez une ballade au Quai d’Orsay par exemple. Vous traverseriez sans doute les couloirs vides du musée sans apercevoir une seule œuvre. Les cinémas n’auraient plus rien à projeter. Les bibliothèques et les salles de spectacles n’auraient plus lieu d’être.

Sans les artistes et leur imagination qu’ils ont accepté de rendre visible et de partager, nous serions tous privés de ces œuvres issues de leur imaginaire, et donc privés de ces émotions et de ces sensations si agréables ressenties à la lecture d’un texte, à la vue d’un tableau, à l’écoute d’une mélodie, à la sortie d’un spectacle ou d’un film au cinéma.

Sans l’imagination des artistes, nous n’aurions plus cette chance de regarder le monde à travers leur regard, parfois très éloigné de la réalité. D’ailleurs cette distance artistique par rapport au monde ne contribue-t-elle par à l’enchantement de nos esprits ?

« A l’inverse de tout réalisme, il revendique pour l’imagination une dynamique créatrice qui tourne le dos au perçu ».

Gaston Bachelard

Ou au contraire, ne permet-elle pas de révéler la réalité toute entière lorsque, devenue trop banale, nous ne daignons même plus la regarder en face ?

Car l’imagination, bien qu’elle soit un processus créatif personnel et mental, peut se partager lorsqu’elle se matérialise sous les mains de l’artiste. 

Ainsi, derrière chaque tableau, sculpture, dessin, photo, un monde imaginaire d’une seule et unique personne, celui de l’artiste, se révèle aux yeux de tous. De « talent de l’âme » invisible, l’imagination devient objet concret, ancrée dans la réalité. Cette imagination personnelle de l’artiste, peut activer et enrichir notre propre imagination, en interprétant comme bon nous semble ce que nous percevons et comprenons de l’objet créé. L’objet devient alors le support de notre imagination. Tel un cycle qui se recycle sans cesse, passant d’un esprit à un autre.

N’est-ce d’ailleurs pas cela une œuvre d’art ? Lorsqu’une création issue de l’imaginaire d’un seul individu, parvient à insuffler une décharge émotionnelle inexplicable et incontrôlable à une majorité de personnes qui la contemple. Et ce, même des années, voire des siècles après sa création. Peu importe qu’il s’agisse d’émotions négatives ou positives, la magie presque métaphysique qui s’opère entre le créateur et l’observateur, par l’intermédiaire de l’œuvre, est le témoin du génie artistique qui justifie certainement le titre d’ « œuvre d’art » et sa place dans l’histoire de l’Art.

Maintenant, en sachant cela, votre super pouvoir s’affirmera peut-être davantage et vous obligera à l’extérioriser d’une quelconque manière : sculpture, peinture, photographie, film…Un conseil, n’attendez donc plus, les couloirs des galeries et musées peuvent encore accueillir vos futures créations !

Là aussi, il y a quelque chose de cyclique dans l’œuvre. Conçue par un seul créateur (ou par un groupe d’artistes) l’œuvre est rendue visible pour être à l’origine d’une expérience à la fois collective (pensez à la horde de visiteurs devant Mona Lisa) et à la fois individuelle, à l’intérieur de chacun selon son vécu, ses sentiments, ses souvenirs et son imagination.

Ainsi, mettez-vous dans la position d’un spectateur, assis parmi un public, devant un spectacle de danse, de cirque, de théâtre, de marionnettes etc. Pendant toute la durée de la représentation, vous partagez ce moment avec les autres spectateurs que vous ne connaissez ni d’Eve, ni d’Adam. Ce temps partagé avec le collectif est également (et paradoxalement) individuel. Individuel car chacun viendra assister au spectacle avec sa propre imagination et sensibilité qui lui feront traverser différents états et diverses émotions. Vous pleurerez quand un tel restera bouche bée ou un autre sourira…Telle est la magie des œuvres.

Et il y a quelque chose de rassurant de s’apercevoir que dans le collectif, l’individualité de chacun est préservée. Nous ne sommes pas une masse homogène aux contours flous, mais un tout fleuri, riche et coloré. Ainsi, de la somme des individualités naît un beau bouquet que nous offrent les artistes en partageant leur sphère intime

Que serait l'enfance sans les contes et légendes?

Ignorer l’imagination, ce serait renoncer aux dragons, aux monstres, aux anges, aux elfes, aux fées,  aux licornes et à de nombreuses autres créatures imaginaires. Ce serait également tirer un trait sur la féerie et la magie du Père-Noël, des Cloches à Pâques, de la Petite Souris voleuse de dent, autant d’histoires qui font partie d’une culture, d’un patrimoine, transmis de génération en génération.

Imaginer, c’est également proposer une réponse à ce que nous ne savons pas. En d’autres termes, l’imagination permet d’apporter une explication aux phénomènes que nous ne maîtrisons pas, pour lesquels nous ne sommes pas en mesure de comprendre précisément, scientifiquement, les mécanismes. Par le biais de l’imagination, nous interprétons de manière personnelle ou collective ces phénomènes afin de réduire leur part mystérieuse. Bercés par l’illusion de les « contrôler » ; nous nous rassurons. Puisque nous ne savons pas précisément ce que nous devenons après la mort, alors nous avons symbolisé la mort par les rituels de la sépulture. Les faits et gestes de l’homme de Neandertal[1] nous indiquent selon Edgar Morin, que

 

« l’imaginaire fait irruption dans la perception du réel et que le mythe fait irruption dans la vision du monde » [2]

L’imagination peut donc être source de consolation, de réconfort face aux événements que nous ne pouvons pas expliquer. Nous sommes alors libres d’apporter nos propres réponses face aux mystères de la vie.

[1] Espèce éteinte du genre Homo, qui a vécu en Europe, au Moyen-Orient et en Asie centrale, entre environ 450 000 et 35 000 ans avant le présent. 

[2] In Le paradigme perdu : la nature humaine, Seuil, 1973.

"L'imaginaire est l'enfance de la conscience"
Alain

Pour terminer, je ne conclurai pas. Parce que l'imagination n'a ni fin, ni limite. 

Mais voici quelques définitions d'"imagination" recueillies auprès de certains de mes proches. D'autres apparaîtront au fur et à mesure. Ces définitions, toutes différentes, prouvent encore une fois que l’imagination est personnelle.  Si vous voulez y ajouter la vôtre, n'hésitez pas à m'envoyer votre définition ! 

La faculté de représentation de ce qui n’est pas directement présent à moi (ce qui est réel mais absent ou invisible comme ce qui est imaginaire), qui se nourrit inconsciemment du vécu (expériences, souvenirs, émotions, sentiments, connaissances…), à la base de tout processus créatif (idéation, innovation, transformation…) mais aussi d’interactions sociales (c’est parce que je peux imaginer ce qu’éprouve l’autre, que je peux ressentir de l’empathie, de la compassion envers lui...)

Audrey, 36 ans.

L’imagination c’est quelque chose qui n’a ni début, ni fin. C’est quelque chose qui n’a pas de limite et que chacun peut utiliser à son gré. C’est quelque chose de précieux que tout le monde possède. C’est ma fortune.
Daniela, 23 ans.

L’imagination, c'est un pouvoir individuel de penser, hors des 5 sens de l'humain, permettant une création proche de l'infinie.

Quentin, 27 ans.

Image - Art de créer des images. C'est créer des images hors du commun, pouvoir donner un côté artistique aux objets par une espèce de déformation de la réalité. L'imagination n'a pas de limite. 

Maryline, 61 ans.

C'est voyager dans sa tête, c'est changer les couleurs et les formes du monde. C'est aussi essayer de penser plus loiN, différemment et souvent ne pas y arriver et Rester attaché à ce piquet qu'est le manque d'imagination.

Patrick, 63 ans.

C'est la capacité de l'homme de se projeter dans le monde des idées qui offre plein de possibilités mais qui reste quand même limité par l'expérience des sens : on ne peut pas imaginer une nouvelle couleur, odeur, goût etc.
Bastien, 26 ans.

L'imagination, c'est un peu comme un calque sur une image. Elle peut changer partiellement ou entièrement l'image quand on l'active. En bien ou en mal. Mais ça rend la réalité plus colorée, multiplie la diversité de sa saveur et surtout permet de mieux voir l'Espoir.

Sérany, 26 ans.

L'imagination c'est une forme de créativité pure, directement reliée au cœur et à l'âme, qui n'a pas été confrontée aux barrières que le monde et notre esprit de raison nous mettent, tous les jours.

Eloïse, 25 ans.

Qui?

Je suis une jeune femme de 29 ans qui a voulu partager sa fascination pour l'imagination ! 

N'hésitez pas à me contacter ici pour m'envoyer vos définitions sur l'imagination (je serai curieuse de lire votre perception) ou pour recueillir vos retours sur ce que vous venez de lire ou à aller découvrir mon autre site avec mes autres bidouilles ici

Concernant les copyright :

Tous les gribouillis pour illustrer mes propos sont de moi. 

Je tiens à m'excuser pour les sources parfois manquantes de certaines citations, j'ai malheureusement manqué de rigueur lors de mes différentes lectures sur le sujet. 

Laurette. 

"La seule vie qui soit passionnante est la vie imaginaire"

Virginia woolf

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